Octobre – Novembre 2017.  Après deux semaines absolument géniales hébergée par Arnaud, Lucas, Dominique Laurémie et Pauline, il a bien fallu quitter le nid douillet Montréalais et en chercher un nouveau à Vancouver.

Un peu perdus ? Apres nos aventures en Gaspésie, nous avons tous les trois fait un saut de puce à Chicoutimi (2eme partie de Twist a Chicoutimi ) avant de nous séparer. Arthur et Amé sont partis wooffer un mois à la maison jaune de Jean Rene.

Les deux larrons se sont bien amusés dans cette maison de hippies.

De mon cote, j’ai testé le Blabla car canadien (Amigo express) pour me rendre à Montréal. Je me suis posée un peu pour bouffer de l’art, faire du networking et chercher du travail (et accessoirement, boire des bières, voir un photo shoot bizarre, cuisiner végé, jouer à Zelda et parler politique).

Au terme de deux entretiens, j’ai eu le poste chez A thinking Ape. J’ai sauté dans l’avion et tada, je suis de l’autre côté du pays.

Arrivée a Vancouver

Mon bureau est en plein centre ville, c’est donc confiante que j’ai commencé à chercher une coloc dans le centre et les environs proches.

N’ayant pas travaillé depuis plusieurs mois à a ce stade, j’étais absolument impatiente de m’y mettre. J’ai pris pratiquement le premier avion et me suis laissé à peine une semaine pour trouver un appart. Avant même d’avoir mis les pieds dans la ville, j’avais établi une liste de visites. Ici Craigslist est roi, surtout pour les colocations.

Maria-Paz et Cameron m’hébergent quelques jours, ils sont tous les deux absolument adorables. Ils vivent à Kitsilano et le quartier m’enchante immédiatement.

La ville aussi d’ailleurs. L’aeroport est connecté à la ville par le skytrain, qui survole les différents quartiers. La vue est terrible, mais je suis surtout impressionnée d’office par la mixité évidente. Les gens ont l’air de venir de partout et parlent toutes sortes de langues. Bien malin qui pourra deviner qui est né à Vancouver ou non ; depuis combien d’années ou de générations une personne est-elle canadienne. Je pars du principe de demander à tout le monde d’où il vient, peut importe l’accent et la couleur de peau, les réponses sont bien souvent étonnantes.

Il y a une énorme communauté chinoise, née d’un flot continu sur plus d’un siècle, une partie parle cantonais (souvent initialement des opposants au régime) quand la plus récente est plus à l’aise en mandarin (des années de gouvernance mono-linguistique). Ainsi qu’une grosse communauté indienne (principalement Sikh), très installée à Surrey.

 

J’ai rencontré des gens qui viennent de partout. Ma boite s’est amusée à compter combien de langues sont parlées au bureau: French, German, Cantonese, Russian, Japanese, Mandarin, Korean, Spanish, Dutch, Malay, Tagalog, Portuguese, Uighur, ASL, English.

 

Des milliers de visites

Bref. Il me fallait un appart, et pas une grotte. Je ne sais pas combien de visite j’ai faites, mais ca a été une aventure épuisante:

  • Des colocations bas de plafonds en sous sol, capharnaüm impossible
  • La coloc en haut d’une tour dans un tout petit appart, mignon, mais absolument chaque phrase prononcé par le coloc contenait le mot “clean”
  • La coloc qui m’a rappelé les PG en Inde (tenue par un Indien de 40 ans, coïncidence?), où tu peux louer pour 800 $ par mois un placard (littéralement, je n’exagère pas) dans un appart de 50m2 en compagnie de 3 autre personnes, dont un qui dort dans une moitié du salon. Tous les locataires étaient des étudiants étrangers vous noterez.
  • Une coloc très jolie mais gérée d’une main de fer par la proprio, avec par exemple le planning de gestion du ménage imprimé chaque semaine et fraîchement magnétisé sur le frigo. Obligation de demander la permission pour qu’un ami dorme a la maison (avec mes deux zouaves qui arrivent bientot, ca va être compliqué)
  • Une gentille arménienne en galère qui vit avec son chat dans son salon-cuisine et sous loue sa chambre, bonjour l’intimité (très gentille cela dit)
  • Beaucoup d’apparts-placards, de trous, de moisi, de gens bizarres… Puis cher en plus!

 

A un moment donné, j’en ai enfin visité un absolument charmant dans une vieille bâtisse dans le centre, à deux pas de la plage.

Au terme d’une discussion politique enflammée, nous avons fumé le calumet et scellé le pacte: “Looks like you got the job”. Je peux m’installer quand je veux. Ni une ni deux, commençant le travail deux jours plus tard et ne voulant pas m’imposer davantage chez mes merveilleux hôtes à Kits, j’emménage.

 

Mon coloc est un peu perché, mais je préfère me concentrer sur ma première journée de taf et me dire que ca va l’faire. Parce que ca l’fait toujours. En général.

 

Et la, c’est le drame… Mais pas tant

Deux jours plus tard donc, au terme de ma première journée de travail (qui se passe super bien par ailleurs), la conclusion est sans appel : mon coloc a changé d’avis, m’a mal jugée, “Disagree with our way to disagree” et a décidé que nos opinions sont décidément trop divergentes pour que la cohabitation fonctionne. Toujours cette habitude de foncer tête baissée avec les gens, aller à l’instinct et la confiance, croire le meilleur. Ouch. Naïve ou optimiste ?

 

Là je me sens obligée de vous rapporter les paroles de mon tendre Etienne:

“Il me semble que justement c’est parce que tu as une sorte de cécité sociale que tu évites bien des écueils, tu calcules pas tu fonces sans armures sans bouclier, peut être ardente du feu portant le désir. Alors bien sûr ça demande de la prudence ou une certaine force racinaire, peut être que penser en chasseur-cueilleur plutôt qu’en Bersekr te fait du bien, se composer dans ce que je vois pointer, une douceur de bourgeon vert tendre qui pointe au printemps. Marcher a pas de chats de gouttière, sans doutes, sans hésitations avec l’assurance féline de celle qui sait qu’elle retombera sur ses pattes et à neuf vies. Marcher à l’intuitif peut être.”

J’ai le soir même refait mes valises, appelé Stephen à la rescousse et pris un taxi pour Burnaby (conduit par un indien ; j’ai reconnu les mots d’Hindi sur l’autoradio, on a parlé de notre amour partagé pour l’Inde, et j’ai séché mes larmes de colère).

 

Stephen récemment retourné à Vancouver s’est installé avec un ami de très longue date nommé Douglas. je suis accueillie à bras ouverts par les deux compères qui m’écoutent patiemment raconter mes déboires avec un verre de vin.

Je squatte quelques jours dans leur salon. La précarité du couchage est largement contrebalancée par la gentillesse de mes hôtes ; je me lie instantanément d’amitié avec Doug, pour ses manière un peu bourrues d’hypersensible, et sa curiosité absolue pour tous les sujets qui nous traversent l’esprit. Stephen ne parvient pas à suivre le train chaotique et fiévreux de nos conversations, qui ne s’arrêtent que lorsque l’épuisement l’emporte.

 

Entre les premiers jours au travail et les soirées avec mes deux amis, je suis a la fois fatiguée et surexcitée. Maman me réserve quelques nuits dans un AirBnB pour que j’évite le burn out et puisse chercher posément une nouvelle coloc.

AirBnB-hotel tenu par des chinois parlant à peine anglais. Boring a mourir, je n’ai alors rien d’autre à faire qu’écrire et éplucher les annonces (noterez que c’est la periode ou j’ai posté plein d’articles).

 

Tout s’arrange

Au terme de nombreuses visites, j’ai trouvé le nid en une petite semaine ; à Kitsilano, en compagnie d’une Irlandaise, Anne-Marie et deux “kiwis”, Anna et Matt. On a pas fait exprès pour les prénoms.

C’est une vieille maison qui grince, pleine d’aberrations pour quiconque aime le bricolage, surement parce que le proprio aime faire les choses lui même et au plus cheap. Une maison pleine de charme en somme. C’est l’automne et les feuilles tombent, et peu après la neige prendra place sur le gazon ; à l’heure ou j’écris (mars) les bulbes pointent le bout de leurs bourgeons, et le printemps s’annonce coloré. Bientôt 6 mois dans cette maison, le temps passe a toute vitesse.

Les montagnes a cote du bureau tous les matin

Incompréhension initialement car Anne Marie, qui m’a fait visité est partie en Irlande avec son ex qui a quitté la maison récemment. Et le couple de kiwis a un accent incompréhensible, et sont censés partir bientôt, plus tard, peut être … ? Et il y avait aussi à mon arrivée un autre couple d’irlandais de passage que j’ai peu vu car l’un d’entre eux a fait une crise d’appendicite.

 

Bon.

J’ai dormi une couple de nuits dans le sous sol en attendant le retour d’Anne-marie et les explications qui s’en suivraient nécessairement.