On s’est enfilé les lacets le nez rivé sur un Bollywood particulièrement gratiné (une histoire de quiproquo avec la mafia suite à une série de bourdes mais qui débouchent sur un dénouement nécessairement heureux).

Mention spéciale pour la capacité des indiennes à changer de sari dans les toilettes.

Les pubs peintes sur les murs une habitude indienneLe dernier arrêt nous dépose à 10m de notre hôtel « Gran Palace Hotel » qui n’a du palace que le prix (le réceptionniste en chef est le mélange parfait de Borat et Mr Bean!). Mais au moins par ici il fait frais (voire froid), on peut marcher sans être couvert de sueur (ca grimpe un peu quand même).

La ville elle même est à peu près aussi moche qu’Ooty : construite à l’arrache, bétonnée, rues défoncées, peintures peu entretenues… La poussière rouge de la plaine a été remplacée par une crasse plus grise, et quand la pluie s’invite le charme coloré de la ville indienne ne semble plus qu’un lointain souvenir.

Mais dès lors qu’il fait beau, nous pouvons crapahuter aux alentours avec ravissement ! Un joli petit jardin botanique, un lac, de petites maisons peintes… Le plus gros challenge est de quitter la route.

Terasses dans tous les sens

 

J’attaque le moment socio des vacances indiennes.

L’Inde est un pays « en voie de développement » dit-on avec un air pincé, mais aussi le deuxième plus peuplé du monde (1milliard 240 me dit-on dans l’oreillette). La classe moyenne émergente, même réduite à quelques pourcents, faites le calcul … Ca fait du monde !

Dans l’histoire, ce pourcentage de gens est suffisamment à l’aise pour se payer des vacances de temps en temps mais pas non plus pour aller à l’étranger (ou peut être qu’une ou deux fois dans leur vie).

 

Les indiens ont de l'humour...

 

Le voyage en mode baroude free style et découverte insolite est réservé aux hippies, aux bobos ou aux pèlerins (encore que ça n’a pas la même dimension). Il semble que l’idée de vacances soit liée à l’ « entertainment » et que les lieux de tradition indienne doivent être vécus comme des attractions de fête foraine. Dans les faits ça donne des embouteillages parisiens dans la montagnes, et j’exagère pas trop sur l’ampleur, par contre les parisiens devraient en prendre de la graine car tout ce bordel se vit avec le sourire à grand renfort de musique de Bollywood. Les vacanciers indiens roulent comme des escargots de panorama en point de vue balisés avec quelques arrêts « curiosités » bardés d’échoppes de fruits, de jouets en plastique et de spécialités locales (thé, chocolat et épices).

Bonus coconut watter !

Étouffées par cette foule au sommet, nous avons tenté la méthode « petit chemin dérobé ». Figurez vous que les bords des routes sont grillagés ! Rien de bien dramatique il y a toujours des trous dans les défences mais c’est déjà une première surprise. Une fois embringué dans un bout de forêt, il est difficile de mettre vraiment à distance les bruits de klaxons. Enfin on suit un chemin, puis une piste infime, et… miracle.

 

Nice panorama bien mérité

 

Vous imaginez bien, pas de balisage hein, peu de chemins, et pas entretenus en dehors de la « saison des blancs ». On a du rebrousser chemin quelques fois mais ça valait chaque fois le détour.

En discutant avec des amis, il ressort l’idée toute simple que les bêtes sauvages sont encore une réalité en Inde. Du bête singe chapardeur au serpent venimeux, quelques tigres (de plus en plus rares) et éléphants, ça ne vaut pas toujours le coup de s’aventurer, encore moins de camper (et puis quoi encore ? Dormir sur le trottoir comme un intouchable, comment est-ce que cela pourrait être des vacances ?). Bon nous on n’a croisé que des petites araignées, mais avec cette perspective en tête ça change la donne. On a tendance à oublier à quel point nous maîtrisons notre territoire en France.

samossaaaaa

Vos habitudes de pique nique seront chamboulées ! Oubliez le pain frais, le fromage, le jambon (!!!) Heureusement il y a le chocolat Cadburry et les bons fruits pour ravir estomacs et gambettes

On leur a courru après un bon moment mais les voila nos samosa, emballés dans du journal =) ! ->

 

La dernière journée à Kodai, nous avons décidé de voir le sud. On s’est fait déposer aux Chutes d’eau puis avons suivi la route descendante. Faux départ complet : aucun chemin possible, et les indiens n’ont pas compris qu’on essayait de faire du stop pour remonter (ils nous faisaient juste coucou avec des sourires hilares, les pouceux ont encore du travail). Mais dans l’autre sens nous avons trouvé un chemin herbeux abrupte mais enchanteur.

Un air de Miyazaki, l’herbe est tendre agitée par une brise, le relief à nos pieds laisse deviner des anciennes cultures en terrasses laissées en friche. On grimpe le cœur léger, hésitant sur la voie à suivre… Il y a deux jeunes filles, deux sœurs, l’une étend le linge elle semble adolescente mais trop vite grandie, ses traits hésitent entre la candeur et le sens des responsabilités. Sa petite sœur joue à côté.

Nous hésitons, faisons signe que nous voulons monter mais nous n’osons traverser leur champ, sourires gênés regards curieux nous redescendons, pensons pouvoir passer de l’autre côté. On grignote un oreo en contemplant les montagnes à l’ombre d’un arbre quand nos deux filles nous rejoignent. Un échange timide de civilité et de sourire s’instaure. Nous regrimpons par un côté rocheux, elles nous suivent à distance silencieuses, amusées. Définitivement coincées entre les arbustes et d’éventuels serpents, maman tente d’expliquer à force de mouvements de main que nous voulons passer au delà de leur maison.

Leurs visages s’animent, elles s’improvisent guides avec fierté, voilà que la plus grande galope devant, nullement dérangée par la pente ardue ; nous bous enfilons dans de petits passages verdoyants entre les maisons. Je m’attends à rencontrer un Totoro serti d’un bindi.

 

Les guides

 

Nous empruntons les routes sinueuses du village. Les maisons sont si colorées ! Un petit garçon nous invite a visiter « Do you want to see my house? », il faut dire qu’elle ressort particulièrement. Et nous voilà embarquées sans autre forme de procès, inondées de biscuit, de thé et de sourires, toute la famille se joint à l’animation, ceux qui baragouinent en anglais font la causette. Ca enchaîne les photos de groupe. Adorable !

 

Il y a de la couleur !

 

 

En tachant de se balader sans suivre trop les routes nous avons atterri sur un musée impromptu d’histoire naturelle tenu par des Jésuite de Toulouse (enfin quelque chose comme ça). S’y côtoyait sans complexe des fœtus dans du formol, des pièces de monnaie, des peaux de bête ourlées de franges kitsch et des assiettes des Seychelles. Formidable.

Après ça nous avons marché un bon moment le long de la route sous la bruine, avant qu’une voiture ne s’improvise taxi et nous ramène en ville, fourbues mais ravies.

En fait on s’est franchement caillé. On n’avait rien prévu de chaud, on a essayer de laver nos fringues à la main (mettre 3 tee shirt les uns par dessus les autres ça épuise vite la garde robe) mais l’humidité glacée ambiante interdisait le séchage, on a donc manié le sèche cheveux, mais ça valait mieux que de sentir la vieille bête.

Après trois jours nous sommes reparties pour notre dernière étape : Madurai

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