Je ne dis pas ça pour vous faire rager, mais je suis quand même passée de la neige et ses température infra décimales au ciel sans nuage de Bangalore où les températures oscillent « dangereusement » entre 18 et 28 degrés… Je m’y suis si bien habituée que j’ai presque un peu froid la nuit !

En vérité, je suis là depuis environ 3 semaines et je n’ai pas vu encore une seule goutte de pluie. Non pas que j’adooore la pluie mais la quasi totale absence de nuage est intimidante. J’ai hâte d’être confrontée à la mousson, elle va revitaliser le pays, tout ici est tellement sec en hiver !

Femmes en sari croquées dans le bus

Enfin, je suis arrivée le 17 janvier sur le sol indien, et ai été accueillie par Helsi dans ma Guest House. Alors, moment vocabulaire :

Guest House : appartement partagé non mixte où la propriétaire (mais je pense que ça peut être un genre d’exécutant) joue le rôle de mère (faire à manger, la lessive et le ménage pour les points utiles, vous sermonner parce que le lit n’est pas fait comme elle veut, parce que vous êtes rentrée après le couvre feu de 21h, ou que vous êtes allées faire un footing ce qui pourrait faire jaser les voisins pour les désavantages).

Paying Guest (PG pour les intimes) : c’est un peu le même principe, sauf qu’il y a souvent plus de monde et que les tenanciers sont plus laxistes (enfin si j’ai bien compris). Donc c’est plus facilement le bordel, et plus difficile de s’isoler, mais chacun va et vient comme il veut.

Apart-hotel/Serviced apartment : plus une location de chambres dans un appartement, avec des services que tu payes en plus : ménage, nourriture, lessive etc. Beaucoup plus cher qu’une location classique, mais moins qu’une chambre d’hôtel.

Après, ce qui est amusant c’est les flottements administratifs, comme le fait que les PG sont reconnues mais pas toujours déclarées, et leur statut est bancal ; les clients sont-ils locataire ? Quels droits ont-ils ? Quels obligations de la part des propriétaires ? Etc.

le plastique est resté sur les meubles

Bref, ici il s’agit d’une Guest House, nous sommes six filles (cinq françaises et une américaine) réparties dans trois chambres ; la propriétaire, elle, ronfle dans le salon. Helsi m’a accueillie donc à 10h avec un curry gentiment épicé, qui se révèle être l’habituel petit déjeuner.

Il est courant en Inde que les plastiques soient laissés (sur les matelas, les chaises, dans les voitures… Ce n’est pas ma proprio qui est radine, c’est une habitude répendue !

Spicy foodJ’embraye sur un temps culinaire. Les indiens boivent du thé au lait bien sucré, le lait étant souvent du lait en poudre (et le pire c’est que c’est apparemment plutôt cher le lait en poudre). On en sert partout, je suis pas une fan absolue, je préfère le thé sans nuage, mais ça donne une espèce d’intermédiaire entre le thé et le café au lait.

Manger n’est pas très cher si vous aimez les plats de légume épicés ! On trouve des vendeurs partout, de fruits, légumes, jus, sur des plateaux d’osiers tapissés de feuille, ou des grandes planches montées sur des roues de vélo (on peut en apercevoir une rouge à droite). Mais aussi de véritables petites cuisines sur les trottoirs, réduites au plus strict minimum, où l’on peut manger chapati, parotha, pouri, riz sauté, dal, masala…

Les gens mangent avec les mains (les regarder découper leurs chapatis à une seule main à une vitesse folle est un sacré spectacle), ou éventuellement à la cuillère (petite ou grande, pas de règle).

Les plats sont très souvent végétariens, on peut consommer un peu de poulet dans les restaurants, parfois de l’agneau, mais pour le bœuf ou le porc, il faut oublier. L’envie de pâtes à la bolognaiseVendeuses de fruits, Mysore attendra sept mois ! Pour autant, les repas sont souvent composés de plusieurs plats différents, si bien que la viande ou le poisson ne manquent pas (ce qui est difficilement concevable dans la cuisine française, où un repas sans viande est comme déséquilibré !). Il est fréquent d’avoir par exemple du riz, des pommes de terres avec oignons et un autre légume (choux fleur par exemple, ou des sortes de navet) cuit avec du safran, accompagné d’un curry/massala (légumes divers avec du lait de coco et des épices comme du garam massala et du piment), et à côté des chapati (galettes fines) et des petites gamelles de lait caillé ou de sauce au piment …

Mais j’aurai l’occasion de vous décrire plus avant les multiples choses que j’ai découvertes dans mon assiette, restons pour le moment sur une liste interminablement peu approfondie, juste pour vous faire entre appercevoir la foule de choses qui m’ont sautées au visage sans que je ne puisse saisir leurs noms.

Gardien

Pour en revenir à mon logement temporaire, Purva Venezia (Purvankala pour se faire comprendre des Rickshaws), il s’agit d’une énorme résidence avec des grands immeubles de 15étages flambants neufs, des grands bassins nettoyés tous les jours mais dans lesquels nous n’avons pas le droit de nous baigner (sans blague, et près faut économiser l’eau) et des gardiens partout. A l’image sans aucun doute de la mégalomanie indienne, puisqu’une fois franchi le seuil de ce temple de luxe, la rue vous accueille avec poussière, klaxons, chiens galeux et mendiants (et je n’ai même pas besoin d’en rajouter pour un quelconque effet dramatique, ceci n’est que pure vérité).

D’un côté comme de l’autre de l’immense arche de pierre blanche et de ses grilles métalliques noires s’affairent des balayeuses (renommées femmes-crabes par Marine). Pliées en deux dans leurs saris, elles sont armées d’une petite balayette – des sortes de tiges sèches serrées par un lien, pas plus de 50cm de long (ce qui explique la courbure des dos) – et Femmes à Bangaloreainsi combattent la saleté. Du côté de la grandiose cité pour riches, cela ressemble à un brossage enamouré du gazon afin d’extirper une à une de minuscules feuilles mortes ; de l’autre côté du miroir, c’est une lutte éternelle et insoluble contre la poussière et la saleté, qui s’achève en petits feux le long de la route, alimentant en cendre et restes carbonisés les journées de Siphyse.

Je terminerai en disant que, les questions du logement et de la nourriture partiellement règlées, j’ai pu visiter mon école mais aussi barouder dans les dédales de Yelahanka New Town, ville à géométrie variable (les rues sont en arc de cercle) mais néanmois sympathique pour qui accepte de s’y perdre.

Pour ce qui est de rêver, je ne crois pas avoir nécessairement besoin de m’étendre sur la question…

Je ne tiens pas vraiment mes engagements de titres et de contenu, mais il y a tellement de bizarreries à partager que ce n’est chaque fois que partie remise. Promis, vous finirez par découvrir les cautions à tour de bras, les toilettes sans intimité, les marchés multicolores, les expositions invraissemblables dans des palais en ruine, les panneaux indicateurs de rien du tout…